Après trois tentatives de rapprochement infructueuses entre EMI et Warner Music, en 2000, 2003 et 2006, la dernière offre de rachat de Warner a été rejetée le 2 mars dernier par la major britannique, qui en jugeait le montant trop bas et les conditions trop contraignantes, notamment en termes de droit de la concurrence. Pour rappel, Warner proposait 2,1 milliards de livres (3,1 milliards d'euros), soit 260 pence par action. Ce refus d'EMI a eu pour conséquence d'inquiéter certains analystes, qui voyaient un risque dans l'attitude élitiste de la major alors qu'un besoin d'argent urgent commencait à se faire sentir du fait de l'endettement accumulé en 2007, en partie en raison de la nouvelle concurrence de la musique téléchargée.
Il semble cependant que l'attitude d'EMI consistant à faire grimper les prix au maximum ait porté ses fruits puisque le fonds d'investissement Terra Firma vient de racheter la major pour 2,4 milliards de livres (3,6 milliards d'euros), soit 365 pence par action. De plus, et ce n'est pas négligeable, Terra Firma s'est également engagé à reprendre à son compte le déficit de 2007, ce qui porte le coût réel du rachat à 3,2 milliards de livres (4,8 milliards d'euros). Quelle aubaine pour EMI ! Plus d'argent que prévu, le tout sans la pression des instances communautaires de concurrence qui voient toujours d'un mauvais oeil les concentrations sur le marché de la musique, les rebondissements intervenus dans l'examen par la Commission européenne de la fusion entre Sony et BMG en étant l'exemple parfait. John Gildersleeve, le patron d'EMI, s'est d'ailleurs félicité de la transaction qui, avec "un risque opérationnel minimum pour l'entreprise", "apporte de l'argent frais immédiatement", permettant également une hausse de 9,3% la valeur de l'action d'EMI, qui a terminé hier à 271 pence à la Bourse de Londres.
Le nouvel acquéreur, Guy Hands, a été clair sur la stratégie qu'il compte développer avec EMI : le développpement de l'offre numérique de musique, qui représente selon lui "une opportunité de croissance de long terme". Récemment, EMI a ouvert la majeure partie de son catalogue à la vente sans DRM sur Internet, créant ainsi un micro séisme dans le monde très protecteur des majors, et se donnant l'image d'une entreprise attentive aux demandes des consommateurs et prête à faire des concessions plutôt que de camper sur des positions dépassées. Cette opération lui a d'ailleurs rapporté beaucoup d'argent, du fait de la vente de son "catalogue libre" à plusieurs plates-formes, dont Itunes et Virginmega. Cette initiative avait-elle alors pour simple objectif de remplir quelque peu les caisses d'une major endettée à l'époque, ou constituait-elle les prémisses de la nouvelle stratégie d'EMI sur Internet ? Affaire à suivre...
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