vendredi 11 mai 2007

Les réseaux sociaux à l'heure du filtrage...

Il y a quelques semaines, nous vous annoncions la mise en place imminente sur Youtube d'un système de filtrage permettant de bloquer la mise en ligne d'un contenu protégé par des droits d'auteur. Cet outil, qui avait pour principal objectif de calmer les ardeurs des anti-Youtube, a également été pensé pour remédier aux désavantages du contrôle "a posteriori" de la légalité des contenus postés par les internautes. Ce type de contrôle s'avère en effet assez inefficace et ce, pour une raison simple : une fois mis en ligne, le contenu devient la "propriété" des internautes en ce sens qu'ils en maîtrisent la destination. Même supprimé, il sera reposté encore et encore, sur la même plate-forme ou sur d'autres, tout aussi populaires. Il fallait donc traiter le problème à la source.

Que Youtube se soit mis au filtrage est une bonne chose, même si on ne se fait pas d'illusions sur leur capacité d'exercer un contrôle bien plus rigoureux. Pour exemple, on ne trouve pas de vidéo à caractère érotique sur Youtube alors qu'aucun contrôle n'était exercé jusqu'à présent au moment de la mise en ligne des contenus. Il est donc fort probable que les vidéos à caractère érotique ou pornographique fassent l'objet d'un contrôle particulièrement resserré de la part des tenants du site, et la résultat est là. Il paraît alors difficile de croire ces mêmes personnes qui déclarent ne pouvoir enrayer la mise en ligne et l'accessibilité des dizaines de milliers de clips que compte Youtube. Il semble donc que les choix des censeurs concernant le type de contenus à supprimer aient avant tout des objectifs commerciaux, bien plus qu'éthiques ou légalistes...

Il n'en reste pas moins que l'idée d'un filtrage des contenus a fait son chemin, et d'autres plate-formes s'y sont mis, à l'instar de MySpace video, Break.com, GoFish, ou encore très récemment Dailymotion, l'équivalent français de Youtube. Tous ces sites ont en commun d'héberger nombre d'extraits d'émissions, de séries télévisées et de clips musicaux protégés par le droit d'auteur. Pour la plupart, ils ont décidé d'utiliser la technologie de filtrage de la société américaine Audible Magic. Le système développé par cette société permet de comparer l'empreinte audio du contenu qui va être posté avec une base de données préétablie afin de déterminer si celui-ci est, ou non, protégé par le droit d'auteur. Audible Magic, dont la technologie se limite pour le moment au contrôle des contenus audio, est en train de développer l'équivalent pour les contenus vidéo. Il est cependant déjà possible de se tourner vers l'INA (Institut National de l'Audiovisuel), qui dispose d'une technologie de filtrage vidéo appelée "Signatures". Dailymotion et Youtube ont testé cette technologie mais aucun contrat n'a encore été signé, selon l'INA.

Les responsables des réseaux sociaux se trouvent donc confrontés à un dilemme. D'une part, l'accès gratuit aux contenus protégés est une des raisons principales du succès de leurs plates-formes et les internautes y sont particulièrement attachés. D'autre part, le développement des technologies et l'existence de ces nouveaux outils de filtrage ne permettra plus de faire valoir l'argument de l'impossibilité technique de contrôle. Dès lors, pour garder leur clientèle, les réseaux sociaux vont devoir chercher des accords avec les titulaires de droits afin de pouvoir continuer à proposer les mêmes contenus, mais en toute légalité. Et ça, c'est une bonne nouvelle !

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