jeudi 10 mai 2007

Formation universitaire au "piratage éthique" en Ecosse !

L'Université d'Abertay, située à l'Ouest de l'Ecosse, à Dundee, est quelque peu particulière. Tout d'abord, en comparaison avec la plupart des universités écossaises, elle est très jeune. Elle n'a été créée qu'en 1994 par un décret du gouvernement conférant le statut d'université à l'Institut de Technologie de Dundee (Dundee Institute of Technology), qui datait pour sa part de 1888. Elle est très réputée aujourd'hui pour ses compétences en technologie des jeux vidéo et en design, et arrive également en première position au classement britannique pour les investissements dans les équipement des technologie de l'information et de la communication.

Fort de cette réputation, l'université a mis en place une formation d'Ethical Hacking and Countermeasures, menant au premier diplôme de piratage éthique décerné par une institution européenne. Mais que recouvre cette expression de piratage éthique, dont les mots sont si contradictoires au premier abord ? Le piratage éthique désigne en fait les intrusions de hackers bienveillants dans les systèmes réputés inviolables dans l'unique but de laisser une signature et de montrer qu'ils ont été plus forts que les protections. Ces hackers sont baptisés "white hats" dans les pays anglo-saxons, en opposition avec les "black hats" que sont les hackers délinquants. En France, ils s'appellent "chevaliers blancs".

Pourquoi avoir mis en place une formation spécifique ? Selon Lachlan MacKinon, directeur du département informatique de l'Université d'Albertay, "à l'heure où les Etats-Unis veulent tout contrôler pour pouvoir tout taxer, où la Chine veut tout contrôler pour pouvoir tout censurer...la sécurité informatique est devenue le grand enjeu du Net. Et nous sommes à la pointe de ce combat, comme nous le fûmes pour la création des jeux vidéo. La demande a évolué ? Nous aussi". Et il ajoute, avec une pointe d'humour, "qu'il faut un voleur pour attraper un voleur". Bien évidemment, les "leçons de piratage" enseignées à Dundee sont susceptibles d'être détournées de leur finalité première, à savoir la sécurité. Les autorités ont alors demandé expressément que chaque étudiant souhaitant s'inscrire à cette formation produise un extrait de casier judiciaire, sûrement pour s'assurer que l'Université d'Abertay ne devienne pas une école du crime...

Ecole du crime ou pas, les débouchés sont alléchants. Après une brève étude de marché, un des étudiants de la première promotion estime à 67 000 euros par an les propositions de salaire qui vont lui être faites en sortant de l'Université....plutôt sympathique pour un premier emploi ! Cette formation est donc un bon filon et permet de donner des cours de sécurité informatique en respectant une certaine éthique à des jeunes qui, en temps normal, auraient tout appris sur la Toile par leurs propres moyens. A quand l'ouverture d'un diplôme similaire en France ?

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