vendredi 23 mars 2007

BitTorrent et les aléas de la légalité...

Qui aurait pu prévoir qu'il serait un jour possible de télécharger du contenu légalement sur BitTorrent ?! Pourtant, Bram Cohen, le créateur du célèbre logiciel de partage et du protocole éponyme, annonçait fin février le lancement de BitTorrent Entertainment Network, sa nouvelle plate-forme de téléchargement légal. Mais aujourd'hui, qui dit légal dit protection des fichiers vendus par des DRM, et c'est là que les problèmes commencent...

Afin de se constituer une vidéothèque intéressante, les dirigeants de BitTorrent ont conclu des partenariats avec plusieurs géants américains des médias, parmi lesquels on trouve Paramount, MTV, Warner, Comedy Central, ou encore la Fox. Les négociations portèrent principalement sur deux points : (i) le business model (prix de vente des oeuvres au public et mode de rémunération) et (ii) la présence de DRM pour protéger les oeuvres mises en ligne. Sur le premier point, une partie de la rémunération étant assurée par les revenus de la publicité, les prix pratiqués ne sont pas excessifs : 3,99 $ pour un film récent, 2,99 $ pour une vidéo musicale...Pour ce qui concerne les DRM, ils furent imposés par les majors qui n'envisagent toujours pas de distribuer des contenus autrement. Pourtant, Ashwin Navin, le président de BitTorrent Inc. et Bram Cohen avaient clairement affiché leur désapprobation, déclarant notamment que les DRM étaient "mauvais pour le fournisseur et mauvais pour le consommateur". Surtout pour le consommateur semblerait-il...

Dans un grand nombre de cas, les vidéos mises en ligne avec le DRM Windows Media ne posaient pas de problème lors du téléchargement mais ne pouvaient pas être lues. Les internautes fraîchement convertis au payant ne pouvaient donc pas ouvrir des fichiers qui ne posent habituellement aucun problème lorsqu'ils les téléchargent illégalement ! Ils étaient alors redirigés vers une page du site (voir ci-dessous) ne fournissant aucune explication. Même l'équipe technique de BitTorrent était quelque peu dépassée par les évènements et a mis un certain temps à proposer des solutions. Le problème n'est d'ailleurs pas totalement réglé à ce jour.


L'anecdote fait sourire quand on pense à la manière dont BitTorrent et ses utilisateurs ont jusqu'à présent délibérément ignoré la propriété intellectuelle. De plus, comme le protocole développé à l'origine est libre de droit, plusieurs programmeurs inspirés ont crée d'autres communautés sur ce modèle, comme LimeWire, Azureus ou Shareaza. Ces sites sont toujours en activité et des millions de fichiers s'y échangent quotidiennement, en toute gratuité. L'initiative de BitTorrent n'est donc pas un signe de rédemption mais poursuit une logique purement commerciale : une communauté de quelque 135 millions d'internautes gravite autour du logiciel d'échanges, le pari est de les convertir au payant et de faire un maximum de profit. Mais avec des DRM qui empêchent la lecture des fichiers, la conversion risque d'être difficile...

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