samedi 10 mars 2007

Concentrations sur le marché du disque : EMI hésite, Sony-BMG craint...

EMI est en crise ! Le groupe britannique ne représentait que 10 % des parts de marché du disque au 1er semestre 2006, occupant ainsi la dernière place du podium derrière Warner (19,3 %), Sony-BMG (26,25 %) et Universal (31,6 %), et la situation n'est guère meilleure aujourd'hui. Le début d'année a même été particulièrement difficile : des résultats en constante baisse, le renvoi "avec effet immédiat" du PDG (Alain Levy) et du vice-président (David Munns), l'annonce d'un plan de restructuration et de nombreux licenciements en perspective. Un rapprochement avec Warner Music Group fait partie des solutions envisagées, mais les échecs du passé ajouté aux nombreuses difficultés rencontrées par Sony-BMG dans leur opération de fusion font réflechir EMI à d'autres alternatives.

Plus précisément, EMI hésite entre la proposition de rachat de Warner et l'entrée d'un fonds d'investissement dans son capital. Les dirigeants de la compagnie anglaise et ceux de Warner se sont rencontrés le 24 janvier dernier, et Warner a fait une offre de rachat de 6 milliards de dollars, soit quasiment deux fois la valeur actuelle d'EMI, qui avoisinne les 3,8 milliards. Parallèlement, selon le Financial Times, des pourparlers auraient été engagés entre EMI et One Equity Partners, un fonds d'investissement émanant de la banque américaine JP Morgan Chase. Opter pour ce mode de financement permettrait à EMI de contourner les dispositions du droit européen de la concurrence, dont le caractère particulièrement contraignant a été démontré par l'expérience de Sony et BMG.

Par une décision du 19 juillet 2004, la Commission avait validé, sans aucune condition, la fusion entre Sony et BMG. Le 3 décembre 2004, Impala, une association internationale regroupant quelque 25.000 producteurs indépendants, a saisi le tribunal de première instance des communautés d'une demande en annulation de la décision de la Commission. Le 13 juillet 2006, le tribunal a fait droit à cette demande, annulant la décision de la Commission au motif qu'elle était "entachée d’une insuffisance de motivation et d’une erreur manifeste d’appréciation dans la mesure où les éléments fondant la décision ne constituent pas l’ensemble des données pertinentes devant être prises en considération et ne sont pas suffisants pour étayer les conclusions qui en sont tirées". Sony BMG a immédiatement fait appel de cette décision et déposé, le mois dernier, une nouvelle demande de validation devant les autorités européennes de la concurrence. La Commission a annoncé, jeudi 1er mars, l'ouverture d'une enquête approfondie sur la fusion Sony-BMG. Affaire à suivre dans les prochains mois...

A noter également, la décision des producteurs indépendants de se regrouper en vue de la création d'une "cinquième major" à même de représenter leurs intérêts sur Internet. Ainsi, à l'occasion du Midem 2007, a été annoncée la création de Merlin, une association internationale à but non lucratif chargée de négocier la diffusion de leurs catalogues avec les nouveaux réseaux d’exploitation de la musique.

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