vendredi 16 mars 2007

Radioblogclub.com : nouvelle victime de la SACEM

Après blogmusik.net, c'est au tour de radioblogclub.com de fermer ses portes, sous la pression de la SACEM. Mis en demeure mardi 13 mars par la société de gestion collective, le site appartenant à la société française Mubility, n'est plus accessible depuis mercredi après-midi, les plaignants ayant fait pression sur OVH, l'hébergeur du site, pour qu'il en bloque l'accès. Les internautes sont déçus et Benoît Tersiguel, le dirigeant de Mubility, particulièrement irrité. Et il a de quoi...

Dans un communiqué publié mercredi sur son blog, il condamne le comportement de la SESAM (société mandatée par la SACEM pour gérer l'exploitation multimédia des artistes de son catalogue) à qui il reproche d'avoir fait échouer les négociations entreprises avec des auteurs-compositeurs français. Radioblogclub était prêt à reverser une partie de son chiffre d'affaires à la SACEM afin de rendre son service légal, mais les conditions proposées par la société de gestion collective étaient irréalistes : 8% du chiffre d'affaires mondial alors même que la musique française ne représente que 16% des recherches sur le site, et que 70% du public ne vient pas de France. Résultat : après délocalisation de ses serveurs dans des pays aux législations plus conciliantes, le site va réouvrir sans aucun morceau français. Quand on sait que radioblogclub compte environ 20 millions de visiteurs, ce qui le place parmi les 600 sites les plus visités de la planète, on peut s'interroger sur l'intérêt d'une telle démarche de la part de la SACEM. Radioblogclub n'a clairement pas besoin de la musique française pour se développer mais sa nature internationale en fait un moyen de promotion gratuit et très efficace pour les auteurs-compositeurs français. Ces derniers étant sur le point de trouver un accord leur permettant d'être rémunérés en contrepartie de la diffusion de leurs oeuvres, pourquoi s'y opposer ?

Cela prouve une fois de plus que les sociétés de gestion collective françaises se sont mal adaptées au numérique et peinent grandement à trouver un modèle économique viable pour la gestion des droits sur Internet. Elles profitent de leur position dominante pour imposer des tarifs exorbitants, non adaptés aux nouveaux modes d'exploitation, et n'hésitent pas à utiliser les moyens juridiques dont elles disposent pour contrer ceux qui n'acceptent pas ces conditions. Le rapport sur l'économie de l'immatériel publié en décembre 2006 avait d'ailleurs mis en garde contre les dérives de la gestion collective française, estimant notamment que "le monopole de fait de certaines sociétés induit un manque à gagner pour les créateurs". Notre présente affaire en est l'exemple parfait...


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